A force de traîner dans certains militants, je fini par oublier que la
notion de limites et de "trigger warning" n'est pas commune à l'ensemble de la
population. Ayant chercher des références explicatives sans en trouver à mon
goût, je me lance dans ma version.
En société, il est admis que certains sujets sont plus délicat à aborder que
d'autre. Le temps qu'il fait est assez peu générateur de réticence. Par contre
la santé et la sexualité beaucoup plus. Tout comme le rapport aux violences de
chacun. Dans toute relation équilibrée, qu'elle soit amicale ou plus intime, il
est toujours bon de respecter l'intégrité des différents participants. Et
chacun à des limites d'intégrité psychique qui lui sont propres. Ces limites
viennent à la fois de l'éducation, des valeurs personnelle et du parcours de
vie.
Prenons un exemple simple : la catégorie fourre-tout "relation familiale".
Pour certain, il n'y a pas de limites à ce sujet parce qu'ils admettent qu'il y
a des familles dysfonctionnelles et des familles équilibrés et tout un bazar
entre les deux parce qu'il peut y avoir des allers-retour entre l'équilibre et
le dysfonctionnement ou que le dysfonctionnement peut être entre génération ou
entre certain membres de la famille mais pas sur l'ensemble de la famille. Pour
d'autre au contraire, ce sujet se résume à "Il n'existe que la famille Papa +
Maman + Les enfants + Le chien (ou le chat) et tout le monde est heureux et
soudé". Toute autre façon d'aborder le sujet est un grand no man's land. Ca
peut être une question de valeur personnelle mais il peut aussi s'agir d'une
manière de se défendre contre une réalité vécue ou difficilement supportable.
C'est une limite. Respecter l'autre ce n'est pas essayer de le convaincre qu'il
existe d'autres formes de familles. C'est reconnaître que l'humain n'est pas
qu'un être de raison mais aussi souvent un être d'émotion.
Quand il est question de santé, les limites de chacun sont aussi très
différentes. Certaines personnes demandent à leurs proches s'ils vont bien par
pure politesse. Il ne s'agit pas forcément de désintérêt pour la proche mais
parfois tout simplement d'une relation compliqué avec la maladie. D'autres ont
des rapports plus apaisés avec la maladie, ce qui ne les empêchent pas de ne
pas avoir envie d'entendre parler de vomissements ou de douleur ou de présence
de sang (au hasard...). Il y a ceux qui ont du mal avec la maladie dans sa
composante physique, d'autres avec la composante psychique, sensorielle,
cognitive ou mentale. En général, ce genre de blocage est facile à repérer par
des "Au moins, tu as ta tête" et autre "Moi le fauteuil, je ne pourrai pas".
Comme pour le sujet précédent, il ne s'agit pas de juger.
Chacun a ses limites. Respecter la limite de l'autre permet d'avoir un dialogue
simple, fluide et apaisé. Savoir ce qu'il est possible de dire sans que
personne ne soit gêné et au contraire, ce qui est vraiment sensible, permet
d'éviter les censures de part et d'autre. Il est plus facile de poser une
question si il est convenu qu'elle n'est pas gênante. Et il est plus facile de
répondre à une question en sachant à quel moment s’arrêter.
Et la notion de trigger warning dans tout ça?
S'il est envisageable d'instaurer une habitude de discuter des limites de
chacun au sein d'un groupe restreint et défini avant d'engager une discussion,
c'est assez complexe dans un événement public (ou dans un texte en accès
libre). Le trigger warning sert donc a avertir des) sujet(s) potentiellement
problématique(s) abordé(s). C'est simple, rapide et efficace.
Petit exemple, si je fais un article décrivant très clairement de symptômes
dont la douleur et les vomissements, si j'ajoute en haut (TW :
Description, Douleur, Vomissement) chacun choisit s'il continue de lire ou pas
en fonction de se propre sensibilité. Évidemment, ça fonctionne pour tous les
sujets dit sensibles tel que le suicide, les violences de tout type (contre soi
ou contre les autres, en tant qu'auteur ou en tant que victime), les divers
fluides corporels, ...
Il ne s'agit pas de construire un monde de bisounours ou plus rien ne peut se
dire bien au contraire. L'idée est de permettre l'expression de chacun avec ses
propres limites tout en permettant d'éviter aux autres de dépasser les leurs.
Qui n'a jamais été confronté à un texte qu'il a jugé trop "cru" et sur lequel
il s'est dit "Ah, non, ça j'avais pas envie de le savoir"? Le trigger warning
est une solution pour apaiser les relations.