Français un jour, Français toujours

Deux fois en un an, après des attentats la visant, la République s'est rassemblée dans la rue, sur des places, pour se rappeler qu'elle était une et indivisible, inséparable de sa devise « Liberté, Egalité, Fraternité » Et si la première est la plus connue parce que la plus voyante avec sa propension à défiler dans les rues, il n'a pas fallu longtemps pour se rendre compte que la Fraternité était attablée aux terrasses des cafés et que l'Egalité s'encanaillait dans les salles de concert ou les stades. Et puis, à l'heure où les larmes coulaient encore, mi-hébétés, mi-incrédule, il y a fallu admettre que la Liberté s'en allait pour quelques mois. Soudain une rhétorique guerrière à surgit. Mais la guerre contre quoi ? Et contre qui ? La guerre contre d'autres enfants de la République, qui ont appris au sein de ses écoles, grandit sur son territoire ? La guerre civile alors ? Mais comment et pourquoi faire la guerre avec des bombardiers loin là bas dans le golfe ? Quelle guerre se résume à des patrouilles et des annulations d’événements sportifs et culturels ? Et puis la guerre est devenu un peu plus concrète : la guerre administrative à ceux qui n'ont pas de chance, celle qui décide de l'assignation à résidence avant toute enquête (se raser la barbe et avoir voyager en Belgique pour l'un, changer de travail sans avoir eu la politesse de se réconcilier avec ses anciens collègue pour un autre, …) quand la communication ne tourne plus qu'avec des chiffres, quand le pouvoir administratif s'attaque à ses opposants au seul motif qu'ils s'opposent, la démocratie a un vrai souci. Et alors que l'inquiétude grandit sur la pertinence des mesures de l'état d'urgence, voilà qu'il faudrait au nom du « contexte », encore et toujours lui, renoncer en même temps à l'Egalité et à la Fraternité. Les français binationaux ne serait peut-être pas si français que ça pour peu qu'ils aient commis un acte terroriste. Par quelle miracle intellectuel pourrait-on être contre la « double peine » il y a quelques années et pour opérer une distinction entre français de différent rang en fonction du contexte. Les principes ne valent pas selon le sens du vent et les endroits où ils se défendent. L'Egalité républicaine ne fait pas de distinction entre les français, qu'il soit de sang, du sol ou qu'ils aient par leur histoire personnel acquis une seconde nationalité. La Fraternité ne se négocie pas au prétexte qu'un autre pays à ses propres lois et à éventuellement fournis une identité social à défaut d'avoir déjà accueilli sur son sol. S'il fallait faire toutes les lois françaises en fonction de celle de tous les pays du monde, ça devient de la législation comparé et donc une discipline universitaire et plus du travail législatif. Benjamin Franklin depuis l'autre coté du temps et de l'Atlantique nous a déjà donné la solution de tout ce grand chambardement : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. » Je refuse l'idée qu'une République fasse la guerre à ses enfants (ou alors elle est franchement en train de sombrer du coté obscur de la force) et ceux quoi qu'ils aient fait. La déchéances des droits et l'emprisonnement sont des peines envisageables mais sûrement pas l'exclusion de la communauté nationale ou le meurtre, même en dehors du territoire national. Je refuse d'envisager de classer les Français en fonction du nombre de leurs parents, grands-parents ou arrière grand parents Français ou même de savoir s'ils ont choisi à un moment de leur vie de s'expatrier et d'avoir des compétences/talents/diplômes qui leur a valu une reconnaissance plus importante ailleurs que dans leur pays natal. Tout simplement parce qu'au delà de l'effet d'annonce quel sens celà peut-il bien avoir? Les binationnaux sont ils à ce point redoutés qu'il leur faudrait faire allégeance tout les matins au drapeaux, à la Nation et à la République? Et comme nous sommes parfaitement incapable de parler lien social et Fraternité, la meilleur solution est-elle encore une fois de désigner un bouc émissaire et de le menacer de l'exclusion de la communauté nationale s'il ne rentre pas sagement dans le rang? Et quel rang d'ailleurs? Celui de l'Esprit des Lumières qui encourage le voyage, l'ouverture sur le Monde et les différentes cultures ou celui qui voudrait que la culture française est à ce point supérieure et menacée de toute part qu'il faudrait exclure tout ce qui s'en éloigne. En ses temps troublés, s'il faut chercher des symboles et les affirmer autant qu'ils soient positif. Et je ne voit rien de positif dans le fait de considérer la nationalité des auteurs d'attentats comme une patate chaude qu'il faudrait refiler au voisin...

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