La folie est une maladie psychiatrique. Elle a de multiple visage, peut-être
moins que la maladie physique mais tout de même. Une maladie n'est pas un sujet
de blague, à moins que son porteur en soit d'accord. Une maladie est encore
moins une insulte. Considérer qu'une maladie psychiatrique est honteuse et/ou
explique tout les comportements violents du monde porte un nom : la
psychophobie. C'est une oppression. Tout comme le racisme, l'homophobie,
l'antisémitisme, le sexisme, le mépris de classe, l'agisme, la transphobie, le
capacitisme (dont c'est d'ailleurs une des manifestation), le validisme et tant
d'autre oppression qui voudrais réduire à une seule et unique normalité tandis
que tout autres comportements ou apparences physiques ne seraient que
déviances. Alors un peu de respect pour tous les fous, les schizophrènes, les
malades, les dépressifs, ceux qui prennent des benzodiazépines ou des
anxiolytiques, ils ne sont pas des terroristes en puissance, le couteau entre
les dents,à fomenter le projet d'attentat le plus vicieux, le plus odieux ou le
plus meurtrier... Ils sont justes fous, schizophrènes, malades, sous traitement
et peu être aussi choqué, peiné, terrorisé et à double titre, en temps que
citoyen en premier lieu et en temps que bouc émissaire facile de ceux que l'on
refuse de nommer par leur vrai nom. Dois-je rappeler qu'un des grand principe
de la justice française est de ne pas juger les fous, les attardés et les
enfants, en partant du principe que dans ces trois cas, même s'il y a eu
violences, il n'y a pas suffisamment conscience de l'acte pour qu'il y ai
responsabilité? Est ce à dire que tous les criminels et encore plus tous les
terroristes n'ont pas conscience de ce qu'ils font? N'est pas un peu
candide?
Un criminel est un criminel. Un terroriste est un terroriste. Un terroriste est
un criminel. Tous les criminel ne sont pas des terroristes. Bien sûr il y a
parfois des fou, des malades ou des personnes sous médicaments parmi les
criminels ou les terroristes. Mais faut-il rappeler qu'un tiers de la
population française connaît, connaîtra ou a connu un problème psychiatrique au
cours de sa vie? Il y a-t-il pour autant un tiers de criminel et de terroriste
en France? Cessons d'accabler les malades. La criminalité et le terrorisme sont
multifactorielle. Et si vraiment il suffisait de reconstruire une véritable
politique de prévention en santé mentale pour faire reculer l'embrigadement
alors allons-y. Cessons les mots. Ouvrons des places que ce soit en
consultations de CMP, en CATTP, en HDP, en hospitalisation libre ou en
hospitalisation contrainte. Et là, les fous arrêterons de servir d'alibis
faciles pour ne pas se poser les questions des racines du terrorisme et de la
criminalité.
Quand au terme "barbare", il sert à séparer les humains suffisamment éduqués
pour avoir l'honneur de participer à l'Humanité de ceux qui ne le sont pas et
qui ne sont donc pas mieux que des animaux. Non seulement il suppose que
l'humain a une supériorité naturelle et essentielle sur tous les animaux mais
en plus que certains humains peuvent se complaire (pour différentes raisons) à
se rabaisser au niveau des animaux.
La supériorité de l'humain en tant qu'espèce sur les animaux est le spécisme.
C'est encore une forme d'oppression. Les animaux sauvages ont des systèmes
culturels complexes et parfaitement adaptés à leur environnement. Ils n'ont pas
besoin de l'humain et de sa technologie pour leur survie. Les animaux
d'élevage, sélectionné depuis des générations pour des traits bien spécifiques
ont ce besoin. Mais ce sont des création humaine pas des créations du
biotope.
La supériorité de l'humain éduqué d'une certaine façon sur un autre humain
éduqué d'une autre façon s'appelle le relativisme culturel. Cette théorie,
noble au départ, expliquait que lorsqu'un concept n'était pas commun à deux
culture, il fallait trouver des concepts communs pour pouvoir expliquer le sens
du nouveau concept. Elle a rapidement été récupérer par l'extrême droite pour
expliquer que si le concept de Droits de l'Homme n'était pas universel alors
c'était que certaines cultures étaient plus "évolués", plus "en avance" que
d'autre et que plutôt que d'essayer de dialoguer, il "suffisait" de leur
accoler le terme "culture barbare" à la manière des Grecques de l'Antiquité et
d'oublier le problème. Je comprend la paralysie de la pensée qu’entraîne
l'émotion. C'est d'ailleurs pour cette raison que je ne regarde jamais les
chaînes d'informations en continu quelque soit l'état du monde. Quand bien même
la troisième guerre mondiale serait déclaré, l'apprendre à la minute et la
rapprendre un quart d'heure plus tard est non seulement anxiogène mais n'offre
pas plus de solution que de l'apprendre au bout de 23h (en admettant que
celle-ci soit déclarer pile-poil à la fin du journal télévisé et qu'aucune
connexion ne soit disponible pour jeter vite fait un coups d’œil au grand titre
des journaux en ligne...) Je comprend aussi la tentation du "yakafokon" (du
type "s'il y avait eu un type avec un lance rocket bah boum a pu le camion" en
omettant complètement que c'est la vie réelle et pas GTA et qu'un camion
détruit par un impact de lance rocket produit une explosion de grande ampleur
qui résonne sur plusieurs centaines de mètres et pas "proprement" de façon
confiné à la taille du camion). Ce n'est pas pour autant que je trouve l'une de
ses réactions utiles/aidantes/faisant avancer le débat. C'est juste
viscéralement humain. C'est comme retirer sa main du feu en criant. Ca n'éteint
pas le feu, ça n'en explique pas la cause. Mais ça fait moins mal et ça donne
l'impression de faire quelque chose.
Alors laissons la barbarie aux canards et aux grecs antiques. Sur terre, il n'y
a que des humains, avec des systèmes de valeurs culturelles différents qui
donnent lieu à des incompréhensions. Mais pour peu qu'on s'en donne la peine,
la tolérance est la vraie intelligence qui permet d'établir des bases communes
et d'éviter la tentation de l'hégémonisme culturel.
Petit lexique non oppressif à l'usage des nuls et surtout des experts en terrorisme
TW : violence verbale, oppression, psychophobie, terrorisme.
Hier a eu lieu une attaque sur la promenade des Anglais à Nice, pour l'instant
qualifiée de terroriste même si aucune revendication n'a été identifiée et si,
l'auteur étant décédé, ses motivation restent connues de lui seul.
Sans rien nier du caractère horrible et exceptionnel du bilan, encore une fois,
je bout de voir apparaître des mots comme "fou", "taré", "malade", "déficient",
"schizophrène", "pétage de câble", des noms d’anxiolytique bien connu, à coté
de "barbare" et de son dérivé "barbarie". Les mots ont un sens. Toujours. Et
l'horreur n'est pas innommable.