Petit lexique non oppressif à l'usage des nuls et surtout des experts en terrorisme

TW : violence verbale, oppression, psychophobie, terrorisme.
Hier a eu lieu une attaque sur la promenade des Anglais à Nice, pour l'instant qualifiée de terroriste même si aucune revendication n'a été identifiée et si, l'auteur étant décédé, ses motivation restent connues de lui seul.
Sans rien nier du caractère horrible et exceptionnel du bilan, encore une fois, je bout de voir apparaître des mots comme "fou", "taré", "malade", "déficient", "schizophrène", "pétage de câble", des noms d’anxiolytique bien connu, à coté de "barbare" et de son dérivé "barbarie". Les mots ont un sens. Toujours. Et l'horreur n'est pas innommable.

La folie est une maladie psychiatrique. Elle a de multiple visage, peut-être moins que la maladie physique mais tout de même. Une maladie n'est pas un sujet de blague, à moins que son porteur en soit d'accord. Une maladie est encore moins une insulte. Considérer qu'une maladie psychiatrique est honteuse et/ou explique tout les comportements violents du monde porte un nom : la psychophobie. C'est une oppression. Tout comme le racisme, l'homophobie, l'antisémitisme, le sexisme, le mépris de classe, l'agisme, la transphobie, le capacitisme (dont c'est d'ailleurs une des manifestation), le validisme et tant d'autre oppression qui voudrais réduire à une seule et unique normalité tandis que tout autres comportements ou apparences physiques ne seraient que déviances. Alors un peu de respect pour tous les fous, les schizophrènes, les malades, les dépressifs, ceux qui prennent des benzodiazépines ou des anxiolytiques, ils ne sont pas des terroristes en puissance, le couteau entre les dents,à fomenter le projet d'attentat le plus vicieux, le plus odieux ou le plus meurtrier... Ils sont justes fous, schizophrènes, malades, sous traitement et peu être aussi choqué, peiné, terrorisé et à double titre, en temps que citoyen en premier lieu et en temps que bouc émissaire facile de ceux que l'on refuse de nommer par leur vrai nom. Dois-je rappeler qu'un des grand principe de la justice française est de ne pas juger les fous, les attardés et les enfants, en partant du principe que dans ces trois cas, même s'il y a eu violences, il n'y a pas suffisamment conscience de l'acte pour qu'il y ai responsabilité? Est ce à dire que tous les criminels et encore plus tous les terroristes n'ont pas conscience de ce qu'ils font? N'est pas un peu candide?
Un criminel est un criminel. Un terroriste est un terroriste. Un terroriste est un criminel. Tous les criminel ne sont pas des terroristes. Bien sûr il y a parfois des fou, des malades ou des personnes sous médicaments parmi les criminels ou les terroristes. Mais faut-il rappeler qu'un tiers de la population française connaît, connaîtra ou a connu un problème psychiatrique au cours de sa vie? Il y a-t-il pour autant un tiers de criminel et de terroriste en France? Cessons d'accabler les malades. La criminalité et le terrorisme sont multifactorielle. Et si vraiment il suffisait de reconstruire une véritable politique de prévention en santé mentale pour faire reculer l'embrigadement alors allons-y. Cessons les mots. Ouvrons des places que ce soit en consultations de CMP, en CATTP, en HDP, en hospitalisation libre ou en hospitalisation contrainte. Et là, les fous arrêterons de servir d'alibis faciles pour ne pas se poser les questions des racines du terrorisme et de la criminalité.

Quand au terme "barbare", il sert à séparer les humains suffisamment éduqués pour avoir l'honneur de participer à l'Humanité de ceux qui ne le sont pas et qui ne sont donc pas mieux que des animaux. Non seulement il suppose que l'humain a une supériorité naturelle et essentielle sur tous les animaux mais en plus que certains humains peuvent se complaire (pour différentes raisons) à se rabaisser au niveau des animaux.
La supériorité de l'humain en tant qu'espèce sur les animaux est le spécisme. C'est encore une forme d'oppression. Les animaux sauvages ont des systèmes culturels complexes et parfaitement adaptés à leur environnement. Ils n'ont pas besoin de l'humain et de sa technologie pour leur survie. Les animaux d'élevage, sélectionné depuis des générations pour des traits bien spécifiques ont ce besoin. Mais ce sont des création humaine pas des créations du biotope.
La supériorité de l'humain éduqué d'une certaine façon sur un autre humain éduqué d'une autre façon s'appelle le relativisme culturel. Cette théorie, noble au départ, expliquait que lorsqu'un concept n'était pas commun à deux culture, il fallait trouver des concepts communs pour pouvoir expliquer le sens du nouveau concept. Elle a rapidement été récupérer par l'extrême droite pour expliquer que si le concept de Droits de l'Homme n'était pas universel alors c'était que certaines cultures étaient plus "évolués", plus "en avance" que d'autre et que plutôt que d'essayer de dialoguer, il "suffisait" de leur accoler le terme "culture barbare" à la manière des Grecques de l'Antiquité et d'oublier le problème. Je comprend la paralysie de la pensée qu’entraîne l'émotion. C'est d'ailleurs pour cette raison que je ne regarde jamais les chaînes d'informations en continu quelque soit l'état du monde. Quand bien même la troisième guerre mondiale serait déclaré, l'apprendre à la minute et la rapprendre un quart d'heure plus tard est non seulement anxiogène mais n'offre pas plus de solution que de l'apprendre au bout de 23h (en admettant que celle-ci soit déclarer pile-poil à la fin du journal télévisé et qu'aucune connexion ne soit disponible pour jeter vite fait un coups d’œil au grand titre des journaux en ligne...) Je comprend aussi la tentation du "yakafokon" (du type "s'il y avait eu un type avec un lance rocket bah boum a pu le camion" en omettant complètement que c'est la vie réelle et pas GTA et qu'un camion détruit par un impact de lance rocket produit une explosion de grande ampleur qui résonne sur plusieurs centaines de mètres et pas "proprement" de façon confiné à la taille du camion). Ce n'est pas pour autant que je trouve l'une de ses réactions utiles/aidantes/faisant avancer le débat. C'est juste viscéralement humain. C'est comme retirer sa main du feu en criant. Ca n'éteint pas le feu, ça n'en explique pas la cause. Mais ça fait moins mal et ça donne l'impression de faire quelque chose.
Alors laissons la barbarie aux canards et aux grecs antiques. Sur terre, il n'y a que des humains, avec des systèmes de valeurs culturelles différents qui donnent lieu à des incompréhensions. Mais pour peu qu'on s'en donne la peine, la tolérance est la vraie intelligence qui permet d'établir des bases communes et d'éviter la tentation de l'hégémonisme culturel.

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