Fragments d'une vie ordinaire

Cette phrase revient en boucle au point que j'ai finit par me demander ce que ça voulait dire "ressembler à un sourd". Je suis bi-appareillée avec des intra-orriculaires, Ce qui signifie que tous l'appareil est dans le conduit auditif, Il n'y a rien derrière l'orreille comme pour les contours d'oreilles plus "familier". Concrètement mes appareilles, c'est ça :%% %% Le bleu c'est le gauche et le rouge c'est le droit. Ils sont allumé, le compartiment pile est fermé. Quand ils sont en "bonne position" dans mon oreille, seul le fil blanc/transparent ressort et me permet de les enlever. La partie coloré est complètement masqué, seul le compartiment pile de couleur chair est apparent. Il est arrivé plusieurs fois que des médecins ou des infirmiers m'examinent de la tête au pied sans les voir (pour les infirmiers, au moins un a essayer de me prendre la température avec un thermomètre auriculaire sans comprendre pourquoi ça "marchait" pas...). Donc effectivement, il est quasiment impossible de m'identifier en tant que sourde grâce à mes appareils. Est-ce pour autant que je ne suis pas sourde?

Aussi bizarre que ça paraisse, le silence n'existe pas chez moi. J'entend en permanence quelque chose puisque je souffre d'accouphènes. Chez moi, ça se traduit par un sifflement accompagné par un bourdonnement. l'un et l'autre sont plus ou moins fort mais moins il y a de bruits autour de moi, plus je les entend.Cette absence de silence ne m'empêche pas de vivre, pas plus que l'absence de certains son quand je ne porte pas mes appareils. Concrètement sans mes appareils, je perçoit dans un environnement calme une personne qui parle à voix normal. Pour moi, cette personne murmure et si je ne la voit pas pour faire de la lecture labiale, il m'est totalement impossible de la comprendre. En environnement bruyant, je "passe" naturellement en lecture labiale totale même si cela ne me permet pas de comprendre tout.

Quand je suis appareillé, en environnement calme, j'entend "normalement" si ce n'est que n'ayant pas l'habitude je met plus de temps qu'un entendant pour analyser les sons et que la performances des appareils fait qu'ils en déforment certains. Une même personne a une voix "naturelle" différente de sa voix "appareillé". Ca peut être très perturbant parce que parfois, je sait que je connaît la personne qui vient de m'appeller mais je ne sait pas exactement qui dans les personnes présentes parce je n'ai pas identifier exactement la voix. Mais c'est effectivement beaucoup plus confortable. En environnement bruyant, c'est très différent et ça dépend de quel environnement on parle... Personnellement, je ne supporte pas mes appareils dans la rue. Le bruit produit par une voiture ou une moto passant à coté de moi m'est insupportable. Ca me casse littéralement la tête. Il n'est donc pas rare que je me déplace sans et que je les remettent en arrivant dans un bâtiment. Ca me demande plus d'attention visuelle puisqu'il n'est pas rare que je me fasse surprendre par une voiture garé que je pensait à l'arrêt et qui se met brutalement en mouvement ou par un véhicule qui surgit d'un angle mort. De même, je ne "snobe" pas les gens dans la rue mais bonne chance pour eux pour attirer mon attention s'ils ne sont pas dans mon champs visuel direct... En intérieur bruyant, c'est compliqué mais bien plus confortable avec appareil que sans. Ca ne m'empêche pas de "perdre" énormément d'information parce que dans une réunion animé, le temps que je visualise qui parle, il a déjà fini son intervention. Lors d'une réunion de section un peu animé où j'étais présente, j'ai compris qu'il y avait un problème avec une réunion, une voiture et le stockage de tract. C'est finalement en discutant avec des amis qui n'étaient pas présent que j'ai eu le fin mot de l'histoire et que j'ai compris que l'histoire de la voiture était un détail anecdotique qui n'apportait rien au débat... Et pourtant ce jour là, je m'étais concentré comme une malade pour suivre la discussion (dont au final, je n'avais pas compris grand chose mais je ferais mieux la prochaine fois). Si plusieurs personnes parlent en même temps, je n'entends que le plus proche de moi (réglage des appareils oblige) et une voix humaine est toujours prioritaire sur une sono. Concrètement dans une salle, j'entends les commentaires des spectateurs et pas le discours de l'orateur même si avec toute la bonne volonté du monde, je veux vraiment écouté celui-ci. D'où l'importance de la traduction en LSF et de la vélotypie pour éviter ce genre de désagréments techniques... La technique que j'adopte le plus souvent est de me mettre le plus proche possible de l'orateur pour "skizer" le plus possible la sono et compenser en lecture labiale mais franchement, c'est du bricolage parce que ça se passera comment quand il y aura une vingtaine de sourds à se présenter à une réunions publiques (oui,j 'ai le droit de réver...)?

En fin de journée, quelque soit la situation, il arrive régulièrement que je fasse répéter parce que me si j'entend parfaitement, honnêtement, c'est de la bouillie de son et je ne comprend plus rien. Parfois j'abandonne parce que quand j'ai fait répéter trois fois le même message, que je ne l'ai toujours pas compris, que je commence à sentir de l'agacement chez mon interlocuteur, je me contente du sens global ou de supposer que la personne a dit ceci ou cela. Parfois ça me joue des tours parce qu'en fait je n'ai absolument pas compris ce qui s'est dit. Fatigué par exemple, je ne fait pas le différence entre "verre" et "bière", ni entre "neutre" et "feutre". Ca peut paraître anecdotique mais concrètement parfois rien qu'une phrase mal formulée (ou en tout cas avec des mots ambigu pour moi) et c'est la mort parce que je n'ai rien me raccrocher. Pour peu qu'en plus ce soit un personne que je comprend mal et chez qui j'ai du mal à savoir ou sont les début et les fins des mots et là, c'est de la bouillie totale. En prenant l'exemple de Sophie Douvroy sur les lettres qui sont cachés, c'est en plus comme si entre les mots, il n'y avait pas d'espace... Aucun point de repère et pas assez de neurones pour compenser parce que j'ai la tête en vrac avec la fatigue de la journée. C'est pour cela que même après plusieurs répétitions, ça ne "passe" pas

Alors ça veux dire quoi "ressembler" à une sourde? Porter des appareils? J'en ai et je peux même dire que les piles, ça taxe un max... Galérer au téléphone? Je rentre à l'aise dans le critère. Faire répéter et pas comprendre quand même? Pareil ça m'arrive régulièrement. Alors finalement, c'est peut-être pas moi qui "ressemble" pas à une sourde mais les autres qui font pas attention à la réalité de la surdité?