Il y a une semaine, j'étais de retour à Paris pour des vacances bien
mérités. J'en ai profiter pour revoir des amis et anciens collègues. L'un d'eux
m'a dit de tenir un blog pour raconter ma vie et "donner de l'espoir par
l'exemple". J'ai trouver son idée tellement ridicule que sur le coups, ça m'a
fait beaucoup rire. Soyons un peu sérieux trente seconde, Est ce que moi j'ai
une tête d'exemple?
Il parait que je suis un "quota jackpot" parce que femme, jeune (quoique ça un
jour, ça devrait me passer...), handicapée et homosexuelle, c'est presque le
stricke. Je suis blanche de chez "cachet d'aspirine" mais bon je rappelle, que
dans l'histoire j'ai pas choisi grand chose et que je ne le fait pas exprès (en
tout qu'à sûrement pas pour la chasse au quota. J'aime penser que j'ai
suffisamment d'autre atout pour être autre chose que le "multiquota" de
service). Sourde appareillée, j'ai également un déficit moteur essentiellement
du membre inférieur gauche. Je ne me déplace pas sans appui quand je suis
debout (le plus souvent une canne anglaise mais j'avoue que dans ma cuisine ça
peux être les placards ou la table). Malgré tout, je ne fait pas des marathons
non plus et je garde un équilibre assez précaire. Il m'arrive donc de me
déplacer en fauteuil dans les endroits où je pourrais être facilement bousculer
ou quand il s'agit de marcher longtemps (pour faire du shopping ou visiter une
expo par exemple). Je suis "debout" la majorité du temps parce que "chez moi",
à Guéret, je reste en centre ville sur des parcours connus où je maîtrise le
moindre nid de poule de trottoirs et les emplacements des bancs publique. Je ne
conduit pas et les transports en commun accessible sont un peu limité dans le
secteur (et puis je suis déjà largement occupé à Guéret...). Je travaille à
temps plein, je milite au PS, j'ai du abandonner le bénévolat au sein d'une
association de soutien scolaire cette année pour des question bêtes et
méchantes d'emploi du temps (mais je compte bien résoudre cette difficulté à la
prochaine rentrée...) et je participe à une association culturelle pour mon
plaisir (mais ça c'est mon jardin secret non mais oh). Bref une vie normale de
française normale (enfin je crois).
Alors soyons clair, ce n'est pas la manière dont je fait les choses qui est
importantes, c'est que je fasse ce que j'ai envie et qui me semble important.
Je me fout royalement de défiler pour la défense du mariage et de l'adoption
pour tous assise ou sur mes deux pieds tant que je suis là. Je me fait livrer
mes courses parce que je ne peut pas les porter et alors ou est le problème? Je
fait parfois trois aller retours entre le secrétariat et mon bureau pour
apporter tous les dossiers dont j'aurais besoins dans ma matinée parce que d'un
seul coups, je ne peut pas les porter. Je galère souvent à ouvrir les portes,
trop lourde, avec des groom mal réglés et qui se referme trop vite, dont les
poignées sont super dur à manipulés. Je déteste les escaliers et les volées de
marche,encore plus quand il n'y a pas moyen de les contourné.Mais je déteste
encore plus les architectes intelligents qui se sont dit que les personnes "à
mobilité réduites" pouvaient faire 300m de plus que les valides pour atteindre
leur but et que c'était super logique... Ou ceux qui mettent des bandes de
roulement qui terminent dans le caniveau parce que comme ça quand il pleut tu
as le choix entre te taper les pavés qui glissent ou rouler directement dans la
flotte... Je râle, je grogne, je m'insurge mais je fait quasiment tout toute
seule. Il y a quelques années quand rien n'était visible quand je manifestaient
debout comme tout le monde, quand je courait, quand je tractait debout des
heures dans le froid, quand je collait le soir, je râlait, je grognait et je
m'insurgait aussi. Et tout le monde trouvait ça normal. Je n'ai pas changé sur
ces points là. Je suis toujours moi mais je suis devenu extraordinaire.
Extraordinaire parce que je prend le train seule pour aller à un rassemblement
militant (il y en avait plein d'autre comme moi dans la salle, probablement un
peu moins "repérable"), extraordinaire parce que je prend les transports en
commun seule à Paris (bienvenue dans le monde moderne de la civilisation...),
extraordinaire parce que je manifeste dans la rue au milieu des autres,
extraordinaire parce que j'ai toujours autant la bougeotte, extraordinaire
parce que finalement je suis rester pareil alors que mon corps s'est
transformé.
Alors en ce premier jours de 2013, je fais un voeux : que tous les
habitants de France puisse continuer de réver et de vivre comme ils
l'entendent, qu'ils ne soient pas juger sur la façon dont ils font les choses
mais sur leur volonté de faire et sur ce qu'ils parviennent à faire. Parce que
le vrai handicap, le seul handicap, c'est de ne plus croire que c'est possible,
de ne plus rêver, de ne plus oser essayer. Mon rêve est qu'un jour un
travailleur handicapé soit tous simplement un travailleur. Qu'un sportif qui
concoure aux jeux paralympiques ne soit plus regardé comme une force de la
nature qui à "surmonter" son handicap mais comme un sportif qui réalise un
exploit. Meilleurs voeux de liberté et de citoyenneté à tous