Rythmes scolaires et ségrégation culturelle

Lors des question au gouvernement de mardi 22 octobre, Yves Foulon, député UMP de la 8ième circonscription de Gironde (vive le PV j'avais pas vu son nom) a posé une question sur la réforme des rythmes scolaires au cours de laquelle il a affirmé que "les ateliers claquettes et hip hop c'est sympa mais est-ce le rôle de l'école?" Il y a deux vrais questions dans ce petit bout de phrase qui m'a déjà fait réagir "à chaud" sur le réseau qui gazouille : les ateliers claquettes et hip hop ont-ils quelque chose à faire dans une vraie politique périscolaire? et de façon plus vaste est-ce que c'est parce que c'est parce qu'un atelier se passe à l'école que c'est "de l'école"? Personnellement cette seconde question ne m'était pas apparu sur le coups mais la réaction de Marie Milan, une assistante parlementaire, insistant sur le fait que même si c'était du périscolaire et non obligatoire, ça se passait dans l'enceinte de l'école et donc la question renvoyait au débat du rôle de l'école.
Je vais commencer par la première question à savoir que font des ateliers claquettes et hip hop dans une politique périscolaire. Pour planter le décor rappelons tout de même que les ateliers périscolaires ont certes lieu à l'école mais sous la responsabilité de la municipalité. Les ateliers ne sont donc pas proposer par les professeurs des écoles mais cela n'empêche pas qu'il y ai des objectifs pédagogiques derrière ces ateliers. Pour reprendre, l'intérêt de l'atelier hip hop, il s'agit d'une danse qui sollicite le sens du rythme, l'équilibre, les capacités motrices basiques et complexes, la coordination à peu près comme toute les danse y compris la danse de ballet plus connu sou le nom de danse classique. La seule différence entre les deux est l'imaginaire véhiculé par ces deux danses. Commencer à hiérarchiser les imaginaires pose tout de même un vrai problème de ségrégation culturelle. En analysant l'activité claquette il en ressort qu'il s'agit d'une activité de percussions de même type que le djembé, le tambourin, la grosse caisse, les castagnettes ou tout autre instrument à percussion. Cette activité fait appel à la rythmique, à l'équilibre, au sens de l'écoute, éventuellement à l'intégration dans un collectif... Bref c'est un atelier de percussion avec tous les objectifs qui peuvent être mis derrière. Là encore à par une question d'imaginaire (les claquettes renvoyant aux Etats Unis des années 20 à 50 alors que d'autre type de percussion comme le tambour sont d'un imaginaire plus "traditionnelle") je ne voit pas pourquoi stigmatiser particulièrement les claquettes par rapport à d'autres ateliers.
En ce qui concerne la deuxième question, à savoir est ce parce qu'un atelier se passe à l'école que c'est "de l'école", l'argument me semble particulièrement faible même en ayant relu à froid la question dans son intégralité. Il est bien question ici des ateliers périscolaires organisés en dehors du temps scolaire et non obligatoire. D'ailleurs le député Foulon termine sa question par un "laissez aux maires le libre choix de l’organisation des rythmes scolaires" qui à mon sens est assez étonnante. J'avais rater cette conclusion hier car il m'est difficile de lire sur deux écrans à la fois. Mais c'est bien aux maires et à leur équipe municipale de déterminer en collaboration avec les équipes enseignantes quels seront les horaires des ateliers périscolaires puis quels sera le projet pédagogique global de ces ateliers et donc leur contenu. Donc non seulement ces ateliers n'ont pas pour vocation à tous se dérouler à l'école mais ils ne sont définitivement pas "de l'école". Ils ne sont pas fait par des enseignants mais par des encadrants choisit par l'équipe municipale. Il est assez clair qu'un atelier sportif encadré par un éducateur sportif dans un gymnase n'est pas "de l'école" mais que pour autant la pratique sportive accessible à tous les enfants est un enjeu majeur de société que ce soit en terme de développement de l'enfant, de santé public afin de lutter contre l'obésité mais aussi contre les troubles psychiatriques de l'enfant (la dépression de l'enfant existe et la meilleur prévention reste la socialisation et la pratique régulière d'une activité sportive même si les facteurs sociaux ne sont pas négligeable) ou même pour l'apprentissage de la citoyenneté à travers l'apprentissage et la pratique de l'arbitrage. Ces ateliers étant bien sûr non obligatoires, c'est aux parents et à eux seuls de décider d'y inscrire leurs enfants ou non. Le lieu ne faisant pas la fonction, les ateliers périscolaires ne sont pas "de l'école" et n'ont pas de programmes fixés nationalement sur lequel il pourrait y avoir un appui pour définir ce qui rentre dans le cadre ou pas. Pour revenir aux ateliers Hip hop et claquettes qui semblait tant surprendre le député Foulon, si ces ateliers font partie d'une offre globale d'atelier périscolaire et qu'aucun parents n'en voit l'intérêt pour son enfant alors ce sera à l'équipe municipale d'en tirer les conséquence et de revoir son offre de façon plus adaptée à la population de sa commune.
Mais il y a un point qui me tient à coeur en matière de politique culturelle et d'offre éducative et dont le député Fulon n'a pas parler. Il s'agit de l'égalité. Ca tombe bien, c'est le deuxième pilier de la devise française : Liberté, égalité, fraternité. L'égalité pour moi et j'en ai déjà parler consiste en premier lieu en matière culturelle et sportive à ne pas hiérarchiser les choses. La danse folklorique n'est ni mieux ni moins bien que le hip hop qui n'est ni mieux ni moins bien que la danse de ballet. L'égalité est aussi de permettre a tout les enfants quelque soit leur milieu social d'origine d'avoir l'horizon culturel le plus vaste possible. Ces deux visions se rencontrent dans une politique périéducative cohérente parce que si il y a la possibilité d'avoir trois créneaux (par exemple de septembre au vacances de la Toussaint puis de la Toussaint à noël et de Noël à février) et l'encadrement adapté, l'idéal est de proposer à tous les enfants de découvrir ces trois formes de danses afin qu'ils se fassent un avis par eux même. Mais comme les parents restent les seuls décideurs en matière éducative, c'est bien à eux et à eux seuls de s'emparer de cette proposition. Comme quoi en matière d'égalité, la liberté n'est jamais très loin. Mais si je parle aujourd'hui du hip hop et des autres forme de danse, je n'en oublie pas pour autant toutes les autres forme de culture. Une politique périéducative cohérente ne saurait se résumer à une découverte d'une palette de sport, d'ateliers musicaux et d'expression tel que la danse. Il ne faudrait pas oublier les ateliers scientifiques, de découverte de la nature et de l'environnement ou de découverte de la citoyenneté.

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