Le surhandicap est une notion assez peu diffusée mais pourtant essentielle
pour toute personne qui s'intéresse à l'accompagnement de personnes en
situation de handicap voir pire qui conçoit des programmes d'accueil
spécifique. Il se définit par la part qu'apporte l'environnement (y compris un
programme d'acceuil spécifique) dans la situation de handicap. Il découle donc
de la définition du handicap donné par la CIF et traduite dans la loi du 11
février 2005, résumé par le schéma suivant :
La situation de handicap est un processus dynamique qui se compose d'une
restriction de la participation sociale dû à une maladie chronique et/ou à des
déficiences dans un environnement précis pour une personne donnée. Et c'est
bien parce que le processus est dynamique que le surhandicap a toute sa
place.
Le surhandicap le plus connu et le plus évident est les bâtiment publique qui
ne sont accessible que par des marches et/ou qui ne disposent pas d’ascenseur
alors que les services proposés au public sont réparti sur plusieurs niveaux.
Il est évident qu'une personne en fauteuil roulant ou ne pouvant franchir que
quelques marches même si elle se déplace avec des cannes n'est pas
personnellement en cause et qu'il s'agit bien d'une restriction supplémentaire
à sa participation sociale. J'ai un exemple tout récent de ce type. Pour le
mariage d'un membre de ma famille, la mairie était bien accessible mais la
seule porte automatique desservie par le plan incliné était en panne. L'entrée
principale donnait sur une série de cinq marches. A qui la faute? Au membre de
ma famille qui se mariait le jour où la porte PMR était en panne? A mon
fauteuil non équipé de monte marche? A la mairie et son seul accès principal en
plein plan vigipirate? Au réparateur qui ne s'est pas précipité pour un
équipement aussi essentiel à la participation citoyenne? Bref l’environnement
déconne et parfois, c'est la faute de personne de personne et de tout le monde
à la fois. Pour la petite histoire, je suis entrée (et ressortie) par une porte
de service parfaitement accessible et le mariage s'est très bien passé.
Mais des surhandicap, il y a beaucoup et parfois ils partent malheureusement de
(très) bonnes intentions et c'est le plus malheureux. Dans mon collimateur,
j'ai un organisme de formation qui souhaite faciliter l'évolution professionnel
des travailleurs handicapés et le communique largement. Sur le fond, c'est une
excellente initiative. S'il existe une grande difficulté d'accès à l'emploi des
travailleurs handicapés, l'accès à l'évolution de carrière est tout aussi
problématique. En gros, les travailleurs handicapés accèdent à un emploi et
contrairement à beaucoup de leurs collègues, y restent toute leur carrière.
Faciliter l'accès à la formation très en amont en demandant quels sont les
besoins y compris en matière de transport et d'hébergement en plus de prendre
en compte l'aspect pédagogique est une excellente initiative. Sauf que... Sauf
que quand l'envers du décors est particulièrement normatif et impose un espèce
de carcan où si tu est a une déficience motrice alors tu prend le taxi matin et
soir pour aller du centre de formation à l'hôtel y compris quand il y a 100m
entre les deux et que personnellement tu préférerais faire le trajet en
papotant avec les autres stagiaires, si tu prend le train tu fait appel à
accèsplus malgré tous les inconvénient de ce service et même si tu pense (voir
tu est sûr pour avoir fait le trajet plusieurs fois) ne pas en avoir besoin...
Impossible d'avoir des adaptations "sur mesure" en fonction des facteurs
personnels, il n'y a que les déficiences qui sont pris en compte. Il faut
cependant signaler qu'il semble y avoir un système de "gradation" dans la
réponse et que n'étant pas en fauteuil électrique j'ai "échappé" au preneur de
note (encore heureux, j'ai ma tablette pour ça)...
Dans cette situation, s'il y a surhandicap, c'est surtout parce que la notion
de handicap est mal comprise et très largement confondu avec les déficiences.
Toutes personnes ayant une déficience motrice n'a pas forcément de limitation
de ses capacités de déplacement soit parce que sa déficience est bien compensé
par une aide technique, soit parce que des facteurs personnels lui permette de
compenser plus efficacement. Et dans l'autre sens toute personne ayant une
limitation de déplacements n'a pas forcément de déficience motrice. L'origine
peut aussi être une déficience viscérale en particulier cardiaque entraînant
une grande fatigabilité à la marche. Il peut aussi s'agir d'une déficience
sensorielle rendant difficile les déplacements dans les lieux inconnus. Bref le
parallèle, déficience motrice = difficulté à se déplacer et son corollaire,
difficulté à se déplacer = déficience motrice est un non sens. Avoir de la
bonne volonté ne suffit pas quand il s'agit de mettre en place des actions en
faveur de l'intégration du public handicapé. Il faut aussi comprendre un
minimum de quoi il est question.
Mais pour autant le risque du surhandicap ne doit pas empêcher d'essayer de
faire quelque chose puisque le surhandicap existe aussi quand rien n'est prévu.
Au contraire finalement, l'écueil est bien de trouver la bonne position du
curseur entre "je ne fait rien parce que c'est coûteux et compliqué" et "je
fait une usine à gaz dont tout les utilisateurs se plaignent mais uniquement
parce que les personnes handicapées sont des chieurs de première et puis j'ai
fait quelque chose alors bon...". L’avantage d'un système dynamique est que
tout est perfectible pour peu qu'on s'en donne la peine.