Certains matins, quand je monte les escaliers pour aller au travail, je
croise Vickie. Vickie est un pincher. Elle porte un collier fait avec un bout
de bande réfléchissante jaune. Vickie a seize ans. Elle n'est jamais en
laisse.
Quand je croise Vickie, je sais que son propriétaire sera dans la rue de
l'ancienne poudrière. C'est un vieux monsieur de 90ans qui marche difficilement
avec deux cannes. Il ne peut plus descendre ou monter les escaliers. Alors
Vickie se promène toute seule mais elle n'est pas très obéissante.
Ces matins là, je m’arrête et je discute un peu avec le vieil homme. Il vit
seul avec sa chienne. Sa femme est morte il y a longtemps. Enfin trop longtemps
pour qu'il ait envie de se souvenir du nombre d'année. Je ne sais pas s'il a
des enfants. Je n'ose pas pauser la question. En fait, je ne pose jamais de
questions. J'écoute ce vieil homme dont j'ignore le nom. Il me raconte des
fragments de sa vie et ça lui fait plaisir. Des fois, il radote un peu. Mais
c'est le privilège de l'âge.
Certains jours, je redescend chercher Vickie parce que le vieil homme est
fatigué et veux rentrer.
Ca me prend deux minutes de croiser Vickie et le vieil homme. Et j'aime bien
ces matins là.