Fermer les écoutilles

Je ne sais pas distinguer les sentiments les uns des autres. Depuis peu je maîtrise ce qu'est la colère. Mais pour le reste je distingue juste en positif et en négatif. Je ne distingue pas non plus les émotions des autres. C'est quelque chose de très handicapant dans la vie militante et dans la vie tout court.

Ne pas reconnaître les émotions des autres conduit à de nombreux quiproquo. La plupart du temps, les discussions politiques sont le plus souvent au premier degré mais quand survient l'humour, c'est une véritable véritable difficulté. Plus basiquement, c'est aussi ne pas savoir si les soupirs sont signe d'impatience ou d'agacement. Alors les réunions m'épuisent parce que je suis en permanence en train d'ébaucher des scénaris pour essayer d'ajuster mon comportement.

Je dois aussi faire face à des saturations émotionnelles. Et ça m'angoisse. D'autant plus quand il faut que je socialise. Que dire, comment le dire et à qui le dire deviennent des vrais calvaires. J'en ai déjà un peu parler dans un autre billet. Il y a des jours où je ne supporte rien d'autre que d'être enroulé dans ma couette. Et encore, rien que l'idée que mon téléphone puisse sonner est une angoisse.
Alors je coupe. J'élague. Je ferme les écoutilles une à une. Jusqu'à ce qu'il n'y ai plus que moi. Quand toute trace de l'autre m'est pénible, je l’éteins canal par canal. Je me fais remplacer aux réunions. Je coupe les réseaux sociaux. J’éteins le téléphone. Et je met des boules quies pour être réellement couper du monde pour mieux revenir au mien ou plutôt à moi.
Je pars plonger dans la solitude de la douceur de ma couette. Je passe des heures dans mon lit jusqu'à ce que les émotions s'apaisent. Alors je reste là encore un peu, jusqu'à ce que l'ennui revienne, jusqu'à ce que le monde me semble habitable.

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