Qu'elle est belle ta Creuse sous ce ciel gris noir. Qu'elle est belle sur le
Maupuy avec toutes ses nuances de vert. Qu'elle est belle la vie entre usine et
potager. Mais tu as tiré ta révérence et comme un dernier pied de nez au
patron, tu l'a fait par un accident de trajet.
Beaucoup de monde ont fait ta nécrologie, même France Inter s'y ai mis ce
matin. Je ne suis pas de ceux qui sortent les formules justes et le mot qui
tranche. Alors je vais te raconter à travers ces instants vécus ensemble.
Je me souviens la première fois que je t'ai rencontré. C'était évidement en
manifestation, sous ta banderole favorite avec tes copains de GM&S. Tu
haranguait tout le monde dans ta blouse de travail et régulièrement moqué par
tes camarades.
Et puis j'ai commencer à perdre la marche et je n'allais plus aux
manifestations jusqu'à ce que je soit en fauteuil. Une fois avec tes camarade
de GM&S tu n'a rien trouver de mieux à faire que de me coller au milieu de
ta banderole pour voir si j'avançais mieux comme ça. Ce fut un échec cuisant du
premier (et probablement dernier) moteur à banderole de l'histoire.
Tu avais le sens de l'amitié et de la camaraderie. Je me souviens de la
première fois ou tu m'a déplacé La Licorne et moi, d'un seul coup dans tes bras
pour passer une marche. Et devant tes camarades un peu abasourdi qui te
demandais qui j'étais a fusé cette réponse qui m'avait faire rire. Tu avais dit
"C'est quelqu'un de chez nous, je la vois souvent avec Laurence et David". Tu
avais cette facilité là. Reconnaître les amis et respecter les adversaires. Je
n'allais pas à ton usine adorée. C'était elle qui venait à moi. Je me souviens
de cette drôle de soirée que j'ai passer à chercher "LE" bleu GM&S à partir
de photo où il y avait tellement d'ombre et de lumière que je commençais à m'en
arraché les yeux... Mais on l'a trouver ce bleu GM&S qui m'a si souvent
permis de finir les maquettes de vos tracts. Je les ai mis dans mon book avec
autant de fierté que celle qui guida pendant votre combat. Militante fantôme,
caché par la licorne, je n'ai pas pu participer autant que je l'aurai voulu.
J'espère que tu me pardonnera de ne pas te connaître autant que je l'aurai
voulu. Mais je te pleure comme tant d'autre
Adieu camarade de lutte. Et merci pour ces petits et grands moments de
militantismes