Dans ma bulle

Je suis toujours dans une bulle. Plus ou moins grande, plus ou moins épaisse mais je vis das une bulle ou le contact avec les autres est difficile à établir.
En ce moment comme tout le monde je suis confiné. Je le suis d'autant plus que malgré mes précautions, j'ai attrapé le covid-19 (en version moitié light donc pas d'hospitalisation pour le moment). Je suis donc confiné complètement. Je parles à mes amis et à ma famille à travers des écrans et des vitres. Et ce n'est pas bon pour moi.
Je ne travaille plus depuis le début du confinement, pour une histoire administrative parce que techniquement il me faut juste un ordi avec un accès à internet pour travailler depuis ma dernière prise de poste. Je manipule des données que je trouve dans des dossiers numérisés. Mais en dehors de la possibilité technique la limite est aussi matérielle. Du coups, j'essaie d'organiser mes journées de façon la plus structurée possible pour éviter les angoisses et l'ennui. Et ma bulle rétrécie. Elle devient plus épaisse aussi. Tout est très vite intime pour moi. Même un simple "ça va pas" m'est compliqué à travers un écran.

Et puis, il y aura le retour à la vie "normale". Je sais qu'il faudra de nouveau l'agrandir et l’affiner couche après couche. Pourtant ma bulle actuelle m'est si confortable. Une grande part de moi n'a pas envie de faire tous ces efforts pour vivre "comme tout le monde". Ce n'est pas tant que j'aime vivre recluse mais plus je "serre" mes rituels, moins il y a d'options possibles, mieux je vais mal. Je ne suis pas faite pour supporter la compétition de ce monde capitaliste à tous point de vue.
Et ce qui m'énerve vraiment, c'est que j'ai mis des mois à agrandir ma bulle pour trouver un équilibre entre travail, loisir et rituel. J'y étais bien, vraiment bien. Et maintenant que tout est casser, j'ai l'impression que je ne pourrais refaire deux fois ce même chemin. J'ai l'impression d'être un patient d'UMD (Unité malade difficile = service psychiatrique pour personne ayant commis un crime ou un délit mais jugée pénalement irresponsable) qui parle de sa sortie. Je me bat contre quelque chose d’inatteignable et pourtant d’inéluctable. J'ai déjà perdu le compte des jours et je ne sais plus la date. Tous mes repères ont l'air de vouloir se faire la malle.
Elle est si confortable ma bulle. Je ne veux plus sortir

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